Opération Nunalivut, 2019

images Opération Nunalivut installation vidéo sonore en diptyque, 24 min 24 sec

Galerie de l'UQAM, commissaire Louise Déry.

Le déploiement présente un corpus amorcé par Emmanuelle Léonard en 2018 dans le cadre d’une résidence de recherche dans le Grand Nord canadien au sein du Programme d’arts des Forces canadiennes. Poursuivant le travail photographique et vidéographique réalisé depuis quinze ans sur des groupes hiérarchisés issus des systèmes social, judiciaire, militaire et religieux, l’artiste continue de s’intéresser ici aux fonctions d’autorité et aux mécanismes de détournement qu’elles engendrent.En assistant aux manÅ“uvres des patrouilles d’affirmation de la souveraineté canadienne dans le Haut-Arctique, Emmanuelle Léonard a découvert un ensemble de réalités très diverses: le déploiement militaire stratégique dans cette région du monde o๠les enjeux nationaux, politiques et économiques se trouvent exacerbés par les effets du réchauffement climatique ; l’engagement de jeunes adultes à  l’égard des valeurs collectives de l’armée autant que leur mobilisation motivée par une quête personnelle ; la contribution des Rangers inuits sans qui l’apprentissage de la survie dans de telles conditions polaires serait vain ; la candeur des jeunes soldats devant la beauté des paysages nordiques qu’ils découvrent.

Dans un contexte de tournage extrêmement difficile, Emmanuelle Léonard a filmé les activités des soldats retranchés derrière leurs boucliers contre le froid –vêtements, masques et lunettes–, les révélant tantà´t fantomatiques et anonymes, tantà´t bien réels et personnifiés. Attentive autant aux exercices d’entraà®nement qui nivellent leur identité qu’aux personnes elles-mêmes et à  leur perception du monde en marge du modèle militaire, l’artiste s’est faite le témoin de l’attente et de la passivité relative des soldats face à  l’impuissance des moteurs qui refusent de démarrer, devant la troublante nuitnordique qui tarde à  tomber ou qui s’éclipse, là  o๠rien d’impressionnant n’est dit, n’est fait, n’est prétendu.

L’exposition propose également deux projets amorcés en Colombie, lesquels offrent une résonnance surprenante avec la réalité des militaires de l’Arctique et tissent des liens entre les hémisphères Nord et Sud. Dans l’un d’eux, des soldats colombiens assurent la sécurité de leur poste d’observation dans la blancheur d’une brume épaisse qui en diminue l’efficacité. Dans l’autre, de jeunes mineurs de la régiondésertique et isolée de La Guajira s’appliquent à  recueillir un sel blanc comme neige dans une chaleur infernale. Neige, brume et sel ouvrent un espace de contraste et de dialogue entre ces images au statut hautement politique qui évoquent l’érosion d’un monde chancelant.



Le camion et la grà¢ce, 2018

images Le camion et la grà¢ce et Nord de Montréal sont le fruit d’un long et minutieux processus de documentation et de tournage réalisé par Emmanuelle Léonard. Durant de nombreuses semaines, Léonard a accompagné le personnel de l’organisme à  but non-lucratif RAP Jeunesse pendant leurs tournées nocturnes dans les quartiers nord de l’à®le de Montréal o๠l’organisme offre des soins de base aux populations marginalisées. Quatre soirs par semaine, un fourgon vieillissant arpente le secteur et s’arrête à  plusieurs points prédéterminés pour distribuer des préservatifs, du matériel d’injection stérile et des accessoires pour la consommation de crack. Ces services, offerts dans le but d’alléger les dommages liés à  la marginalisation, sont bonifiés par l’attention soutenue et la chaleur humaine des intervenantes du RAP Jeunesse. L’échange direct d’outils de base devient souvent l’occasion d’amorcer un dialogue qui dépasse les aspects pratiques de la transaction. Au fil de leurs discussions informelles avec un ensemble d’utilisateurs, certains réguliers, les jeunes intervenantes psychosociales Joà«lle Boivin, Geneviève Gill, Sarah Tremblay Dallaire et Sarah Bélanger distribuent desinformations et proposent d’autres formes d’appui comme des conseils légaux et médicaux de base. Ou, parfois, il est seulement question d’offrir quelques minutes de bienveillance impromptue en posant des questions aussi simples que «comment vas-tu?»

à€ l’occasion, l’organisme loue des chambres de motels en périphérie, déjà  fréquentés par sa clientèle marginalisée, afin d’offrir des services connexes comme le dépistage sanguin en collaboration avec des infirmières spécialisées, la collecte de données statistiques et d’autres activités, souvent en partenariat avec des OBNL. En braquant sa caméra sur les espaces dépouillés des chambres et sur les longs moments de silence qui caractérisent les interactions entre les intervenantes et leurs clients, Léonard met en représentation une temporalité étendue, un contexte o๠la capacité d’attendre et la disponibilité auprès de l’autre deviennent les atouts principaux de ces travailleuses. Celles qui interviennent en contexte mobile sont souvent dans l’attente; les chambres de motel sont dans l’attente, elles aussi. Toujours discrète et très attentive aux espaces intimes des autres, la caméra d’Emmanuelle Léonard comble l’écart entre l’observateur et l’observé tout en explorant les limites de la forme documentaire — les deux vidéos montrent sans doute la «vérité», mais ce faisant, dévoilent également une profondeur affective fascinante et insoupà§onnée. En observant les visages de Joà«lle, Geneviève, Sarah et Sarah, le spectateur reste médusé, comme s’il s’agissait de grandes comédiennes, car Léonard parvient à  nous faire éprouver de véritables émotions profondes à  leur égard.

Le Huitième Jour 1967-2017, 2017

images Le Huitième Jour s’inspire du court métrage que l’artiste québécois Charles Gagnon réalisa pour le pavillon Chrétien, l’un des trois pavillons religieux d’Expo 67. Composé de séquences d’actualités de l’époque, il expose une critique virulente des technologies de guerre, de la violence et du consumérisme d’après-guerre. L’installation vidéo en deux projections d’Emmanuelle Léonard est la suite directe du film de Gagnon : dans un collage de séquences tirées de centaines de milliers de sources Internet, l’artiste témoigne de conflits de 1967 à  nos jours. Les documents proviennent de diffusions d’archives télévisuelles, étatiques ou militaires, de matériel d’autopromotion de guérillas ainsi que de propagande de divers camps. L’évolution des technologies est rendue manifeste par les différences de qualité et de format des images alors que la projection passe de l’analogique au numérique, que les enregistrements sont tantà´t faits à  l’aide de téléphones portables, tantà´t captés par des drones et des détecteurs infrarouges. Léonard a choisi de retenir des activités quotidiennes – marcher au pas, avancer péniblement à  travers la jungle, courir, s’asseoir et attendre dans des camps de fortune – et de demeurer au niveau du sol dans le but précis de subvertir les images de guerre de haute technologie privilégiées par l’armée.
Le Huitième Jour 1967-2017, 2017 Projection vidéographique, 16 min, son

La taverne, 2015

images Réalisé avec la collaboration d’un petit groupe de clients réguliers et d’employés d’un bar de quartier, "La Taverne" montre une succession d’individus s’adressant à  la caméra. Les préoccupations et les convictions exprimées par les protagonistes inscrivent l’expression de l’expérience personnelle dans la vie sociale de l’endroit en exprimant leurs visions sur la jeunesse, l'argent ou la mort.

Postcard from Bexhill-on-Sea, 2014

images Dans "Postcard from Bexhill-on-Sea", des voix off se combinent à  des vues sur la mer. Déambulant le long de la cà´te anglaise, là  o๠le climat est le plus doux, des personnes à¢gées répondent à  une question : comment voyez-vous le futur ? Certains plus optimistes que d’autres, disent se concentrer sur le peu de temps qu’il leur reste. D'autres commentent nostalgiquement du manque de courtoisie et de contact humain dans le monde d’aujourd’hui, s’inquiétant pour l'avenir de l'Angleterre.

Postcard from Bexhill-on-Sea, 2014, installation video monobande avec son, 18 minutes, anglais avec version franà§aise sur casques d’écoute.



Expositions :

2014 BNLMTL 2014 - Biennale de Montréal, Musée d'art contemporain de Montréal

La Providence, 2014

images Comment les membres des SÅ“urs de la Charité de Montréal, mieux connues sous le nom de SÅ“urs Grises, voient-elles le futur ? Dans "La Providence", nous rencontrons les religieuses à  la retraite dans les appartements génériques qui sont devenus leur résidence après qu’elles aient récemment quitté leur Maison Mère de 150 ans au centre-ville de Montréal. Toujours actives, elles parlent de leur travail missionnaire en Afrique et dans le Nord canadien, réfléchissent à  leur mort imminente et à  leur réunion avec leur époux, le Père éternel, ainsi qu’à  l’avenir précaire de leur communauté décroissante.

Remerciements à  SÅ“ur Madeleine Therrien, SÅ“ur Réjeanne Fortin, SÅ“ur Evelyne Blanchard, SÅ“ur Cécile Montpetit, SÅ“ur Réjeanne Grandmaison, SÅ“ur Marie-Paule Arsenault, SÅ“ur Ginette Bacon

Avec la voix en anglais de Aleck Guès

La Providence, 2014, installation video monobande avec son, 29 minutes, franà§ais avec version anglaise sur casques d’écoute
Expositions :
2014 BNLMTL 2014 - Biennale de Montréal, Musée d'art contemporain de Montréal

Trois lieux, 2014

images Institut Philippe-Pinel, chambre type, 2014,
En 1963, le gouvernement du Québec décide de construire un hà´pital psychiatrique à  sécurité maximale, destiné à  remplacer l'Hà´pital psychiatrique de Bordeaux. C'est en 1970 qu'aura lieu l'ouverture de l'Institut Philippe-Pinel de Montréal. L'Institut reà§oit des patients en provenance de toutes les régions du Québec, d'institutions pénales ou encore d'autres établissements du réseau de la santé.

École nationale de police du Québec, salle de simulation, 2014
En 1969, l’Institut de police du Québec de Nicolet reà§oit ses premiers aspirants policiers. En 1974, l’Institut embauche des comédiens qui réaliseront les simulations policières. Le 5 mai 97, le nouveau programme de formation policière de base est en vigueur. Ce programme se fonde essentiellement sur une approche expérientielle. Un poste de police virtuel est créé. Il s’inscrit dans une démarche d’apprentissage concrète et étroitement encadrée : les aspirants policiers jouent le rà´le de policiers à  l’intérieur de scénarios.

Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale (SQ), morgue, 2014
à€ Montréal, en 1914, le gouvernement du Québec créait le premier laboratoire d'expertises judiciaires en Amérique du Nord. Aujourd'hui, le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale regroupe différents domaines d'expertises, la toxicologie, la biologie et l’ADN, les documents et les écritures, les incendies et les explosions, la chimie, la balistique. Le laboratoire du Québec est particulier par rapport aux autres laboratoires judiciaires, puisqu'il abrite un service de médecine légale. Ici, le mannequin, arrivé en fin de parcours, est descendu à  la morgue par l'équipe de balistique.

Par les yeux du surveillant, 2012

images Une toute nouvelle initiative voit le jour à  DHC/ART: un(e) artiste est invité(e) à  concevoir un atelier pour DHC/ART-Éducation tout en suivant la ligne thématique de l’exposition en cours.
"Par les yeux du surveillant" sera donc le premier projet offert. Élaborée par l’artiste montréalaise Emmanuelle Léonard, cette création est basée sur les thèmes et approches de l’exposition Chroniques d’une disparition. Les participants feront l’observation d’une série de séquences vidéo réalisées à  partir des caméras de surveillance de la Fondation. En petits groupes, ceux-ci devront procéder à  la sélection d’images issues de ces séquences, en se basant sur des critères proposés par l’artiste. Ils imprimeront ensuite ces images pour, individuellement, décrire l’essence de celles-ci en une courte phrase qui sera ensuite apposée à  l’image sur un des murs de la salle éducative. Ces sélections accumulées, amalgame d’images et textes, seront le matériau de base pour une Å“uvre réalisée par Emmanuelle Léonard qui sera présentée à  un Happening qui clà´turera le projet et l’exposition en cours.
- Communiqué DHC/ART -

Des figurants, recrutés par les petites annonces, sont invités à  jouer le rà´le de visiteurs anonymes dans les salles d'expositions de la DHC. Filmés à  leur insu par les caméras de surveillance du lieu, ils sont par la suite observés sur des extraits de ces bandes vidéos par les participants de l'atelier. Ces derniers devront identifier lesquels des protagonistes sont les individus soupà§onnés de délits mineurs. Sur quels critères baser son jugement lorsque l'on a pour seul indice qu'une image à  la qualité médiocre ? Quel est un comportement louche dans une galerie ? Ultimement c'est l'observateur qui s'observe.

Le polygraphe, 2011

images Une femme de 68 ans est soumise à  un examen polygraphe. Pour cette Å“uvre vidéo, l'actrice (non professionnelle) et son examinateur, John Galianos (polygraphe professionnel celui-là ), se prêtent à  l'exercice, naturellement. Suivant la procédure, les questions sont posées à  trois reprises dans un ordre différent. Ne seront conservées que les questions contrà´les, ces questions banales servant à  établir les niveaux de réactions physiques de suspect et donnant un barème pour le mensonge à  débusquer. Pour ce faire, il est demandé au suspect de mentir à  l'examinateur. Tel un ballet aussi absurde qu'oppressant, le désir de dire la vérité semble aussi irrépressible que celui de plaire à  l'autorité.

Le polygraphe, 2011, installation vidéo sonore, 13 minutes 25 sec.

Juste une image texte de Nicole Gingras

La déposition, 2011

images Les verbatims ou documentations vidéos des interrogatoires de suspect ne sont pas versés aux pièces à  convictions auxquelles on a accès lorsque l'affaire a été jugée, à  la différence des photographies policières. Ce sera dans un jugement de la Cour Suprême du Canada en 1990, portant sur une demande d'appel d'un précédent procès, qu'est tirée la première confession d'une femme ayant abattu son mari, utilisée dans la vidéo La déposition. Les deux autres proviennent de dépositions de prévenues dont des citations sont disséminées dans des articles de Photo Police datant des années soixante et début soixante-dix. Il semble qu'à  l'époque il existait une certaine connivence entre ce tabloà¯d dédié aux affaires judiciaires et les corps policiers qui laissaient couler des informations. Les récits du drame que font ces femmes accusées du meurtre de leur conjoint, seront découpés en phrases, parfois brèves ou anecdotiques, pour être reconstruites en un déroulement simultané des évènements. Dans cette narration nouvelle, il est difficile d'isoler un cas. Et malgré d'étranges erreurs, c'est une même confession qui coule de cette voix, dont on ne sait si c'est celle d'une victime ou d'un agresseur.
Un policier écoute la déposition, parfois atterré, le plus souvent ennuyé. Il est interprété par Patrick Lacombe, comédien à  l'École nationale de police du Québec située à  Nicolet. Selon o๠est situé le spectateur dans l'espace, la voix est partiellement masquée (à  la manière des filtres utilisés par les médias télévisuels).
Cette vidéo a été filmée au poste de la Sûreté du Québec de la MRC.

La déposition, 2011, installation vidéo sonore, 6 minutes 20 sec.

L'interrogatoire, 2011

images Conà§ue dans le cadre du volet Réflexion critique de la Galerie Les Territoires, En obscurité interroge le rà´le central que peut jouer la pénombre dans la constitution et la réception des Å“uvres visuelles ou sonores. L’éclairage de la galerie sera donc contrà´lé de faà§on à  passer d’une obscurité partielle à  une obscurité presque totale afin d’expérimenter le potentiel et la pluralité des enjeux auxquels réfère l’absence de clarté. Devant s’adapter à  cette transformation, les Å“uvres seront contraintes à  se modifier par elles-mêmes ou à  travers les ajustements apportés par les artistes. Il ne s’agira toutefois pas d’un espace de présentation comprenant un simple jeu d’éclairage, mais d’une obscurité pensée comme un matériau à  part entière, un élément opératoire avec lequel travailler.
Commissariat : Aseman Sabet

"L'interrogatoire" est une vidéo en boucle de 8 minutes, l'écran est placé derrière un miroir sans tain incrusté dans le mur. Plongé dans la semi obscurité du début de l'exposition, l'image est difficilement perceptible, le miroir reflétant la lumière présente dans le lieu. Au fil de l'exposition, la lumière s'atténuant jusqu'à  l'obscurité, l'image de la bande vidéo se révèle. Seulement, cette dernière donne peu à  voir : dans un couloir, lui aussi obscur, entre des moments de vide, une policière passe et repasse pour parfois s'arrêter et nous observer avec désintérêt, compassion ou amusement.

Le beau, le laid et la photographie, 2011

images Réservée aux jeunes filles, l'école L-Trichet, est située à  Tetraultville, Montréal-Est. Une quinzaine d'élèves de secondaire 1, à¢gées d'environ 13 ans, répondent à  deux questions : qu'elle serait la plus belle photographie du monde? Qu'elle serait la plus laide photographie du monde?
Ces portraits vidéos, captés en noir et blanc en plan fixe, sont l'occasion de constituer une Å“uvre o๠le dépouillement de l'image donne la place à  la parole d'adolescentes. Entre silences et hésitations, des réponses, parfois conventionnelles, parfois étonnantes, émergent. Nous renvoyant à  cet à¢ge entre l'enfance et l'adolescence, les réflexions concernant le beau et le laid nous emmènent vers la question du goût en perpétuel redéfinition.

Homicide, détenu vs détenu - Archives du Palais de Justice de la Ville de Québec, 2010

images Sur des tables sont présentées quarante-quatre photographies d'une scène de crime prises par un policier en 1997. Un détenu assassine son co-détenu dans leur cellule commune. Ces images scrutent la pièce, l'espace étant circonscrit, on y retrouve le lieu et tous les détails d'une vie de détention autant que les traces d'un crime. Aux archives du Palais de justice de la Ville de Québec, des photographies policières reposent dans des boà®tes ou se trouvent, pèle-mêle, les pièces à  conviction d’affaires classées. Ces cas ayant été jugés, elles entrent dans le domaine public. Exécutée suivant une méthode et des règles strictes, on voudrait croire que la photographie judiciaire produit des images froides, dénuées de tout sentiment, pourtant on y découvre aussi l’horreur.

Homicide, détenu vs détenu, 44 photographies, plan du lieu, impression jet d'encre noir et blanc, 37 cm x 33 cm

Emmanuelle Léonard, une perspective judiciaire texte de Gaà«lle Morel

La motivation, 2010

images Situé à  Tampere, le Collège de Police de Finlande, forme l'ensemble des agents de police du pays. Pour La motivation, sept élèves de la Poliisiammattikorkeakoulu - deux femmes et cinq hommes - décrivent les désirs qui les ont mené à  s'y inscrire. Chacun d'entre eux répond à  une même question : quelle la motivation qui vous pousse à  devenir policier ? S'exprimant en finlandais, une voix off en franà§ais opère une mise à  distance dans ces espoirs narrés, captés tels des séquences vidéos anthropométriques.

La motivation, 2010, installation vidéo sonore, 10 minutes 24 sec.

Les citoyens, manifestation, 15 mars , 2009

images Des policiers anti-émeutes déployés lors d'une manifestation tiennent la pose, acteurs omniprésents des images de presse. L’uniforme, l’insigne, inscrivent l’individu dans l’action, les représentants des forces de l’ordre deviennent partie prenante de l’évènement, ils entrent en quelque sorte dans le domaine public. Seraient-ils les derniers citoyens de l'espace public à  représenter...

Emmanuelle Léonard, une perspective judiciaire texte de Gaà«lle Morel

Assemblée nationale, 2009

images Une trace de sang sur le plancher, l'image est classique. Pourtant, elle reste difficilement accessible car la photographie policière circule en milieu fermé, de la scène de crime à  la salle de court. Cet usage, qui apparaà®t dès les origines du médium (Alphonse Bertillon 1853-1914), a évolué avec une méthodologie cherchant sans cesse à  préserver sa crédibilité. Empruntant les corridors du sous-sol menant aux archives du Palais de Justice de Québec, j'eus accès aux pièces à  conviction d'affaires classées, parmi lesquelles, des photographies policières. Numérotées et reliées, elles sont disponibles à  la consultation et peuvent être photocopiées. Les affaires ayant été jugées, elles entrent dans le domaine public.
Dès le premier regard, on reconnaà®t l'endroit : l'Assemblée nationale du Québec. Mais l'angle est autre que celui offert lors de retransmissions télévisées des débats. Ici, par l'Å“il d'un policier, on piste le drame; collectant les traces laissées par un homme qui aura décidé d'en finir avec la politique, ce 8 mai 1984.

Assemblée nationale, journal noir et blanc, 12 pages, 32 cm x 36 cm, 1 000 exemplaires gratuits
Images des archives du Palais de Justice de la Ville de Québec

Snowmobile Rehearsal, 2009

images Exercice de sauvetage mettant en scène un accident de skidoo en forêt, impliquant l'ensemble des corps policiers de Finlande (douaniers, policiers, ambulanciers, secouristes, etc.). Elle fût réalisée non loin de Kittilà¤, Laponie, au nord du cercle polaire, fin novembre 2009.
à€ cette date, le soleil ne se lèvera plus, l'aube rejoignant le crépuscule, une lumière bleu durera quelques heures...

L'Annonciation, 2008

images "L'Esprit-Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre…"
L'Évangile selon Saint Luc

L'Annonciation désigne ce moment o๠l'ange Gabriel s'adressa à  Marie, mais signifie également une peinture qui fait la représentation du Mystère. Elle est la chose et son image.

La Prison de Joliette est l'unique centre de détention fédéral pour femmes purgeant des peines de longues durées au Québec. Certains bà¢timents recréent de véritables appartements o๠une mère pourra vivre avec son enfant, à  temps partiel ou à  temps plein. La Maison Tangay, située à  l'ombre de la prison de Bordeaux, reà§oit des délinquantes pour une période allant jusqu'à  deux ans moins un jour. Dans la maison mobile, située à  l'intérieur du périmètre de sécurité, une détenue au comportement exemplaire pourra accueillir ses enfants pour une fin de semaine.

Un aigle à  tête blanche veille. Le rapace, emblème américain, est considéré par plusieurs comme le messager de Dieu. Ce portrait classique suit un des codes de la photographie animalière amateure qui veut que l'on fasse abstraction des éléments qui pourraient signaler la captivité.

La louve tourne en rond dans la cage, figée, elle est éblouie par la lumière du flash. à€ l'origine romaine du nom, lupa désignait la prostituée. Femelle d'un animal que l'on a tenté d'éradiquer, en vain.

Une sale affaire, 2007

images "Always squeeze the shutter release as you do the trigger on your gun" / Serrez toujours le déclencheur d’obturateur comme si c’était la gà¢chette de votre revolver - Crime Scene Photography course, RCMP

L’opérateur a sombré avec sa benne dans les eaux glaciales de la rivière. Les médias diffusent l’image d’un homme : le propriétaire de la maison à  proximité du lieu du drame. Une sale affaire d'Emmanuelle Léonard fait revivre ces moments d’enquête, ces faits divers dont la brutalité n'a égale que la cruelle banalité des documents qu'elle engendre. La particularité ici, c’est que les techniques de reportage journalistique, pourchassant l'événement, et les méthodes d’investigation policière cà´toient une fiction photographique qui ajoute à  la preuve : celle de l’image.

Avec les séries précédentes, "Les travailleurs" (2002), "Les travailleurs de l’église Sainte-Rita", Nice (2003) et "Les marcheurs" (2004), Léonard nous a habitués à  une pratique photographique à  mi-chemin entre le conceptualisme et le photojournalisme. Sa recherche de réalisme la conduit cette fois-ci à  questionner le statut du document photographique dans le contexte judiciaire. Afin d’être recevable à  la cour, la photographie policière doit respecter une méthodologie simple quoique rigoureuse. Cette procédure a pour fonction d'assurer une efficacité, une objectivité que résume bien la mention suivante : "The photograph must not appeal to the emotions" / La photographie ne doit pas s’adresser aux émotions - Field Evidence Technician Course, California State University. Appliquant cette règle de conduite à  la prise de vue, Léonard circonscrit chaque angle, chaque issue d'un bà¢timent. L’objectif est de prendre des images qui reconstituent la scène menant au dénouement de l’enquête. Ces photographies et un bref film noir nous prennent à  témoin. L’Å“il de la caméra essaie de nous persuader. Mais de quel crime ?

Au sous-sol du Palais de justice de Québec menant à  la salle des archives, Léonard a accès aux pièces à  conviction d'affaires classées parmi lesquelles se retrouvent des photos prises par la police. Elles sont numérotées et reliées. Il est possible de les consulter et de les photocopier car elles ont cessé de servir la loi. Elles sont redevenues en quelque sorte d'intérêt public, à  la manière des événements relatés en salle dans la seconde galerie. Ailleurs, à  l’aide d'une radio portative, Léonard écoute les communications de la police, guettant un appel qui réclame une intervention immédiate. Ainsi munie et attentive à  ce qui se passe à  la télévision et sur Internet, elle surveille l'actualité des faits divers, suit des photographes de presse pour capter l'événement : accident, perquisition, fusillade et noyade. Si le rà´le d’une photographie imprimée dans un journal est d’émouvoir le lecteur, la photographie policière, quant à  elle, collectionne les indices. Entre une image jointe à  un rapport d'enquête et l'exhibition dans des pages imprimées, entre la neutralité programmée de l'une et la volonté sensationnaliste de l'autre, nous est-il possible de mesurer un quelconque écart visuel ?

Remerciements à  Jean-Pierre Aubé, Roberto Pellegrinuzzi de même que Georges Aubin, Jean-Pierre Bourgault, Mathias Delplanque, Luc Laforce du Journal de Montréal, Christiane Bourdua du Service de la police de la communauté urbaine de Montréal (SPCUM), Mélanie Lajoie, Division des communications SPCUM, M. Caumartin, Division de l’identification SPCUM, les centres Est-Nord-Est, Optica, Fondation Christoph Merian et le Conseil des arts et des lettres du Québec.



Exposition :

2007 Une sale affaire, galerie Optica, Montréal

Guardia, resguà¡rdeme, 2005

images Dans les rues de Mexico, le nombre d’agents travaillant pour des firmes de sécurité privées est évalué à  12 000. Ces organisations seraient environ 10 000 au Mexique, mais pour l’année 2000, seulement 2 984 détenaient un permis en règle. On y retrouve une variété de "produits", tels des gardes du corps armés, chauffeurs d’élite, véhicules blindés, systèmes de surveillance radio et vidéo, etc. Partout, des guardaespaldas font le guet pour un salaire très variable (incluant parfois des tickets de nourriture ou l’uniforme, parfois encore, se résumant à  ces seuls bonus). Dans la rue Moneda, se trouve une des nombreuses friperies spécialisées en uniformes de toutes sortes. Un grand pourcentage de travailleurs cumulant les rà´les ou encore passant de l’un à  l’autre, il est devenu pratiquement impossible de distinguer le flic du gardien de sécurité ou du criminel. En 1998, l’assemblée législative déclarait que ces gardes privés étaient désormais plus nombreux que les représentants des forces de l’ordre.

Dans les rues de Mexico, une gringa marche, l’objectif d’une caméra de surveillance planté dans son chapeau. Faisant désormais partie du quadrillage urbain, cet Å“il discret est issu d’une technologie de plus en plus prisée : il faut bien protéger la vie privée ou la propriété privée, devenues synonymes. Outil à  l’origine floue (corps policiers, industries privées, individus...) et aux destinataires improbables (regardent-ils ?), mécanique autonome : nulle biographie ne brouille l’image. On ne se méfie jamais assez de l’interférence des défaillances humaines.

La rencontre des deux stratégies de contrà´le, un garde, une caméra, se fera autour de la place publique, Plaza de la Constitucià³n, the Plaza Zà³calo. Elle le cherche, avance lentement vers lui. Ces deux instruments se heurtent, leur fonction s’est déplacée. Dans un frà´lement de ces dispositifs d’observation, le contact est bref, s’inscrivant dans la persistance rétinienne. Une brèche furtive s’est créée. Un court instant, l’Å“il a glissé. Car la marche a bifurqué. La marche bifurque toujours. On emporte avec soi ses outils. On porte en soi ses tactiques. Mon corps n’est pas un terrain neutre. Et le tien non plus d’ailleurs. Nous guettons. Il faut bien se protéger, mon amour.

Guardia, resguà¡rdeme.



Expositions :

2005 Territoires urbains, Musée d'art contemporain de Montréal
2006 Oakville Galleries, Oakville

The end, 2004

images Un projecteur présente une vidéo noir et blanc d’une trentaine de secondes, diffusée en boucle et filmée en super 8 ; un vieil homme nous fait énergiquement au revoir de la main. Adieu film amateur, vestige du 20ème siècle. Le film étant muet, la parole est biffée, on ne peut entendre le vieillard.



Exposition :

2005 J'appelle l'inquisition (autoportraits), galerie Occurrence, Montréal

faits divers, 2004

images Documents anonymes d’un fait divers, cette irruption dans la rue d’un drame intime. Avec les interdits de plus en plus nombreux qui restreignent la prise de vue dans l’espace public – paradoxalement sous couvert du droit à  la protection de la propriété privée ou vie privée devenues synonymes – il ne reste que des témoins par accident ou des rues vides...



Exposition :

2005 J'appelle l'inquisition (autoportraits), galerie Occurrence, Montréal

Kill the Drunk Woman, 2004

images Autoportraits à  la ressemblance ambiguà«, l’auteure est modélisée pour tenir le rà´le de l’héroà¯ne douteuse d’un jeu vidéo à  l’action classique : une mise à  mort ici suspendue. Scène de genre contemporaine, témoignage authentique d’une débauche commune et sans drame.
Avec la participation d’Alexandre Brunel, infographe 3D



Exposition :

2005 J'appelle l'inquisition (autoportraits), galerie Occurrence, Montréal

Statistical landscape, 2004

images Il a été demandé à  20 travailleurs de photographier leur lieu de travail, représentant les 20 secteurs de l’emploi de Toronto (source : Statistique Canada). La taille de chaque image correspond au nombre de travailleurs dans le secteur d’emploi qu’elle représente. Le temps d’une prise de vue, on ne produit que des images. Une affiche gratuite donne l’information sur le photographe et le secteur.
Un projet en collaboration avec Mercer Union Gallery, Toronto

General Motors, Ste-Thérèse (the end), 2004

images Réunion syndicale mensuelle des anciens travailleurs de GM, local 1163 des TCA, dans leurs locaux situés à  Boisbriand. Cela, malgré la fermeture de l’usine de Sainte-Thérèse après une trentaine d’années d’activité, mettant un terme à  l’industrie automobile au Québec. Le stationnement ou les dernières automobiles Impala en dépà´t : seule vue offerte sur la production, puisqu’il fut impossible d’accéder au lieu de fabrication. Nous sommes à  l’extérieur et nous y resterons, l’usine étant maintenant démantelée.



Exposition :

2004 Working, Mercer Union, Toronto

Les marcheurs, 2004

images 6h30 du matin, rue De Gaspé, les employés des manufactures de textile arrivent. Durant un mois, postée tel un paparazzi se détournant de son sujet classique, pour ne pas céder le terrain aux seules caméras de surveillance. L’objectif guette ce regard plongé dans un corps luttant contre le froid, se déplaà§ant dans le dernier quartier industriel en plein cÅ“ur de la ville de Montréal. à€ proximité, le terrain vague est marqué de chemins tracés par les travailleurs.



Expositions :

2006 Oakville Galleries, Oakville
2005 Trafic Inter/nationale d'art actuel en Abitibi-Témiscamingue, L'Écart, Rouyn-Noranda
2005 Territoires urbains, Musée d'art contemporain de Montréal
2004 Working, Mercer Union, Toronto

Le stade du Ray, 2004

images Le stade du Ray est voué à  la démolition. Selon l’ancien modèle de construction, la foule est placée près du terrain, provoquant une certaine nervosité parmi le personnel du service de sécurité. Ici, le stade est debout et le match se poursuit au vif plaisir du public.



Expositions :

2007 Summer Glow, Galerie Donald Browne, Montréal
2004 Adoration, Pari Nadimi Gallery, Toronto

Je t’aime, 2003

images C’est dans le cadre du projet d’échange Les affiches ne meurent jamais entre l’éditeur bordelais Le Bleu du Ciel et les galeries québécoises Le Lieu et Galerie Clark, que cette affiche de 120 x 200 cm fut réalisée.
Portrait d’une empreinte rongée, on joue entre narcissisme et masochisme.

Elle fut exposée en différents lieux en France et au Québec, dont au Centre d’art contemporain Passerelle à  Brest et à  Artexte à  Montréal.

Les travailleurs de l'église Sainte-Rita, Nice, 2003

images Les six travailleurs de l’église catholique Sainte-Rita de Nice tiennent la pose : Youcef Ben-Mohamed, Marie-Thérèse Caruana, Père Normandin, Joseph Paletta, Julien Pauliau, Roxana Ponchier-Alforo. Chacun dans son cadre, tous dans le même décor situé au 1, rue de la Poissonnerie à  Nice.



Exposition :

2004 Adoration, Pari Nadimi Gallery, Toronto

Les travailleurs, 2002

images 110 photographies réalisées par 45 travailleurs sur les lieux de leur travail composent ce documentaire. Représentant les divers secteurs de l’emploi au Québec (selon les données de 1999) ainsi que des métiers non répertoriés dans ce contexte statistique (femme au foyer, prostituée, chà´meur, etc.), ces images donnent à  voir des lieux vidés de présence humaine. Un transfert d’auteur qui permet de pénétrer des lieux clos au regard étranger. Ici, pas de portraits de visages, mais de regards.



Expositions :

2005 Arbeitshaus Einatmen, Kunsthaus Dresden, Dresde, Allemagne
2003 Lieux anthropiques, Casa Vallarta, Guadalajara
2002 La vie en temps réel/Mode ralenti, galerie VOX, Montreal

Dans l’Å“il du travailleur, 2001

images Il a été demandé à  des travailleurs de divers secteurs de photographier leur lieu de travail à  l’aide d’un appareil-photo automatique qui leur fut prêté. Un journal, publié à  7 000 exemplaires et distribué gratuitement avec l’aide de camelots, dans la rue et autres lieux, présente les résultats de la banque d’images réalisées par ces travailleurs. Rien à  vendre d’autre que des coups d’Å“il sur le théà¢tre du gagne-pain…

Dans l'oeil du travailleur, journal en noir et blanc de 12 pages, 44 photos de 33 travailleurs - les crédits incluant noms et métiers sont attribués en page 12 du journal.



Expositions :

2002 Citizen Clark, galerie Glassbox, Paris, France
2001 Du lien social, interventions publiques produites par VOX, Le Mois de la Photo à  Montréal

Les pantomimes, 1999

images Série de 6 pantomimes présentant des saynètes réalisées avec de très grands comédiens qui n’en sont pas dans des décors hyper-réalistes.



Expositions :

2001 Hors/Out of Place, Maison de la culture Notre-Dame de Grà¢ce, Montréal
1999 La boà®te en chantier, galerie Plein Sud, Longueuil

Le à§a, l’ours, et le tonneau des Danaà¯des, 1998

images Une boà®te noire trà´ne au creux d’une grotte artificielle. Il s’agit à  la fois de documenter un mythe et de bà¢tir une réalité en ciment et contre-plaqué. à€ l’évidence, une grotte artificielle est-elle davantage une grotte qu’un cube est un ours (non terminé)? Jeu entre ce que l’on croit voir, ce que l’on veut voir et ce que l’on peut voir.



Expositions :

1999 La boà®te en chantier, galerie Plein Sud, Longueuil
1998 Le à§a, l’ours, et le tonneau des Danaà¯des, centre VU, Ville de Québec

Descriptions, inscriptions, 1997

images 5 photographies donnent à  voir les boxes de garages souterrains. Marqués par les signes de leur dégradation, ils forment un labyrinthe o๠disparaissent unicité et instantanéité.



Expositions :

1997 Descriptions, inscriptions, Galerie Clark, Montréal
1997 De fougue et de passion, Musée d’art contemporain de Montréal

Le corps électrique, 1996

images 4 photographies fragmentent un circuit électrique. Une phrase est inscrite sur le mur de la galerie : Décédé le 30 avril 1995. Suite à  une chute, fut constatée une fracture enfoncée de l’occiput.



Exposition :

1996 Jeune photographie, fuite et repaire, Centre de photographies actuelles Dazibao, Montréal

L’usine, 1995

images 25 photographies (contacts de négatifs 4 x 5) de paysages industriels bordant le fleuve Saint-Laurent. Des bribes de phrases tirées des rapports annuels des entreprises représentées sont gravées à  même le tain d’un miroir.



Exposition :

Galerie V.A.V., Université Concordia, Montréal